Dorian ne supporte plus Noël.
Rien ne lui tape plus sur les nerfs que les chants qui passent en boucle et les décorations qui fleurissent de plus en plus tôt.
Tout le contraire de sa sœur Isabel, qui incarnerait presque à elle seule l’esprit des fêtes.
Mais Noël, ce n’est pas que le temps des guirlandes et des chansons. C’est aussi celui de l’amour et de la famille. Des souvenirs et des rencontres.
Et à l’approche des fêtes cette année, le Père Noël pourrait bien avoir quelques surprises dans sa hotte… pour Dorian, comme pour Isabel.
Format : Novella
Style : Romance décalée de Noël
Parution : 22 Décembre 2018
Découvrir le début du premier chapitre – Dorian
– 15 Novembre –
Bientôt, les guirlandes seront mises en vente à la même période que les maillots de bain.
Chaque année, j’ai l’impression que Noël grignote un peu plus de temps pour lui, tirant la couverture pour effacer les autres « fêtes » qui l’entourent. Je me rappelle pourtant de saisons bien définies, à cette époque où Noël ne m’inspirait pas des sentiments aussi moroses et où découvrir les vitrines décorées des grands magasins éclairait encore ma journée. Je garde le souvenir d’interminables trajets pour me rendre à Paris, emberlificoté dans une doudoune énorme et une cagoule qui me démangeait toujours, mes gants pendant de mes manches au bout d’un brin de laine pour ne pas perdre la dixième paire de l’hiver. En face de moi, Isabel dévorait tout ce qui nous entourait du regard, les joues rougies par la chaleur du wagon bondé et la jupe toujours coincée dans son collant.
Pour elle, la ferveur de Noël ne s’est jamais dissipée. Je crois que si elle pouvait, elle ne décrocherait jamais ses décorations et vivrait toute l’année avec son sapin.
Fraîchement débarqués de notre train de banlieue, les bambins que nous étions finissaient toujours par atteindre le Saint Graal de notre enfance : les gigantesques vitrines des grands boulevards, décorées pour l’occasion. Oubliées, les rues grouillant de monde, le genou éraflé sur le marchepied du bus et les broutilles pour lesquelles nous nous chamaillions toujours. À cet instant n’existaient plus que les incroyables marionnettes de ces scènes féeriques, les flocons de neige et les nuages de coton, les mille histoires que nous nous inventions devant les parterres de fleurs de papier, les ailes des angelots et les oursons merveilleux. Nous voulions tout voir, tout entendre, tout découvrir, pour graver des souvenirs impérissables dont nous n’avions pas même conscience.
Sur le trajet du retour, nous partagions nos plus grands coups de cœur avec nos parents – le lapin Sherlock Holmes pour Isabel, la licorne psychédélique pour moi – en nous imaginant déjà grands créateurs de trésors pour reproduire à l’infini ces scènes éblouissantes.
À cet âge, nous ne voyions pas les fils des automates, les disputes des autres parents, les leurres pour appâter la foule et la pousser à dévaliser les rayons. Noël ne rimait pas avec dépenses, excès ou solitude.
Cette année encore ne fait pas exception ; à peine le 15 Novembre, et déjà les rayons du supermarché débordent de boules et de guirlandes, d’une myriade de papiers cadeaux multicolores, et de milliers de variantes de chocolats. Bientôt, ma boîte mail sera envahie de promotions et rappels en tout genre… comme s’il m’était possible d’oublier Noël.
Découvrir le début du deuxième chapitre – Isabel
– 15 Novembre –
Enfin, les guirlandes sont en vente ! Chaque année, mes réserves de décorations s’agrandissent, envahissant un peu plus mes placards. Je n’y peux rien : même si j’essaie de me contrôler, je finis toujours par craquer devant de nouvelles créations. Malgré mon faible pour les boules en verre, j’évite de trop en accumuler. Musset s’est chargé de se débarrasser de ma première collection en sautant dans le carton où je l’avais rangée, l’année dernière… Maintenant, je ne m’autorise plus qu’à en prendre une seule par an et m’assure de les ranger en hauteur, hors de portée du chat des enfers qu’est celui de mon frère.
J’ai donc été obligée de me rabattre sur des choses moins fragiles, rassemblant avec plaisir guirlandes, bibelots en bois et autocollants. Mon intérieur ferait pâlir d’envie le Pôle Nord, et nous ne sommes même pas en Décembre. Mais il n’y a pas de date pour se faire plaisir !
À l’approche des fêtes, j’entame le même rituel que tous les ans. Du fond de mes placards surgissent les boîtes et les emballages d’où je tire un à un les rubans, les étoiles, les sapins et les personnages. Alors débute un véritable travail d’orfèvre ; je ne veux rien oublier ! Les flocons et la fausse neige recouvrent mes vitres. Tringles à rideau, étagères et comptoirs se recouvrent de feuillages et d’ornements. Dans le salon se dresse un sapin dont l’odeur embaume toute ma maison. Pendant des heures, je décore et j’ajuste. Touche par touche, l’esprit de Noël envahit les pièces, et mon cœur. Puis j’apporte le bouquet final : j’accroche une magnifique couronne de houx sur ma porte d’entrée.
Tout ça n’est que la première étape d’une longue série, un rituel qui s’étendra à tout le mois de Décembre, jusqu’aux premiers jours de Janvier. Alors seulement, Noël quittera la piste, cédant la place aux nouvelles résolutions, à ces journées emplies d’une ferveur nouvelle, celle des grandes décisions et des petites infractions qu’on s’autorise encore un peu, après les fêtes. Même si je n’aime pas penser à cette période où je devrai remettre au placard mes petits plaisirs coupables – chocolats, films de Noël et chansons mièvres – je sais que je pourrai encore me pelotonner dans ces plaids moelleux que j’adore, me gaver de chocolat chaud et me perdre des heures à tricoter au chaud. L’hiver continue au-delà de Noël et m’offre toujours une bonne excuse pour continuer de m’adonner à ces moments si précieux.
Une fois l’étoile posée au sommet du sapin, je me recule de quelques pas pour observer mon œuvre. Tout est parfait ! Les épaisses guirlandes rouge, vert et or l’entourent telles des écharpes étincelantes, des boules multicolores encombrent chaque branche, les faisant ployer sous leur poids. De petits personnages répondent aux étoiles, aux minuscules chaussettes et autres petits paquets cadeaux. Enfin, j’ai réparti une guirlande lumineuse dont les loupiotes brillent d’une lueur chaleureuse.
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