« Il a grandi pour son art et s’est perdu en chemin.
Lorsque l’amour lui tend enfin la main, il apprendra à peindre l’odeur des roses. »
Format : Nouvelle (eBook)
Style : Drame
Parution : 22 juillet 2012
Extrait de l’Odeur des Roses
Et de sa vie gâchée, il ne peint que les restes. Un ton sur ton macabre d’espoirs brisés et d’amours perdus.
Il y a quelques années, trois ou six, peu lui importe désormais, il était encore persuadé que le monde allait finir par lui sourire et qu’éventuellement on découvrirait non seulement son talent mais aussi sa personnalité, le modeste génie derrière ses quelques toiles.
Comme beaucoup d’autres avant lui, il était écœuré de voir combien le milieu préférait les artistes disparus à tous ces jeunes peintres qui se battaient pour subvenir à leurs besoins, créer, et tenter de leur mieux de ne pas mourir à leur tour. L’exercice lui avait semblé périlleux au début, puis de plus en plus délicat à force de refus plus ou moins motivés, et d’occasions manquées surtout. Il semblait qu’il arrivait toujours lorsque les galeries venaient juste de prendre un dernier artiste sous leur aile, alors que les agents avaient à l’instant signé leur dernier contrat, ou quand le dernier collectionneur de ce style si rare venait, une minute auparavant, de quitter le pays.
Bon gré mal gré, il avait fréquenté ses cours d’art en pointillé, toujours bien plus attiré par la pratique que par la théorie. Il passait plus de temps à fricoter avec les modèles qu’à les peindre. Il aimait rencontrer ces beaux hommes qui n’éprouvaient aucune honte à se montrer nus devant des dizaines de personnes, adorait s’en approcher pour les contempler et les connaître, les séduire pour enfin les ramener dans ses filets. Pour lui, c’était aussi de l’art. Le rapprochement du corps et de l’esprit. Celui du modèle et le sien, bien sûr. Il aimait prétendre qu’il n’y avait qu’ainsi qu’il pouvait entrer en osmose avec ses muses, mais il avait fini par se perdre en chemin.
Armé de son diplôme et de quelques toiles, il avait espéré conquérir les musées et les galeries de la ville ou même du pays. Il avait rapidement déchanté, réalisant que bien peu de monde était prêt à embaucher un illustre inconnu. Il était loin d’être le seul artiste à débarquer ainsi, fraîchement émoulu de sa prestigieuse école, et face aux hordes de barbouilleurs qui lui faisaient concurrence ou gagnaient parfois même les faveurs des pinacothèques alors que leurs œuvres étaient bien inférieures aux siennes, il avait rapidement baissé les bras.
Combien d’entre eux se voyaient obligés de se rabattre sur des petits boulots miteux ou de vagues compromis ? Il se posait encore la question, bien des années après.
(…)
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Les avis
★ « Des alexandrins délicieux se glissent au cœur de ce texte poétique et joliment narratif. »
★ « Un mélange subtil de modernisme et de vintage qui apporte à son récit une douceur qui pour moi se rapproche de la poésie. »